[Opéra national de Lyon (hors les murs) : "Luisa Miller",...

[Opéra national de Lyon (hors les murs) : "Luisa Miller", de Verdi (mise en scène : Jacques Lassalle)]
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localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP0045 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
descriptionSpectacle de l'Opéra national de Lyon donné à l'auditorium Maurice-Ravel, 149, rue Garibaldi, Lyon 3e. Au centre : June Anderson (Luisa) et Taro Ichihara (Rodolphe).
historiqueUne étoile est née. Voilà ce qu'aurait pu écrire un critique lorsqu'en 1982, à Parme (Italie), la soprano June Anderson effectuait ses débuts en Europe dans "Sémiramis" de Rossini. Trois années plus tard, l'Opéra de Paris luis ouvrait ses portes dans "Robert le Diable" de Meyerber. Depuis, la belle américaine est devenue une fidèle du Palais Garnier. Les Lyonnais ont la chance de la découvrir en mai 1988, puisqu'elle chante le rôle titre de "Luisa Miller" de Verdi à l'Auditorium.
historiqueIls sont jeunes, ils sont beaux, ils s'aiment. Seulement voilà... Vous imaginez bien ! Il y a problème : il est fils de grande famille, elle est fille de simple soldat. Pire, de demi-solde. L'horreur, la mésalliance. La (noble) famille réagit. Un homme de main, aussi ignoble qu'amoureux lui-même de la jeune fille, y va du faux et usage de faux. Sur la foi d'une simple lettre, le jeune amoureux se croit trahi, empoisonne celle qu'il suppose infidèle et, pour faire bonne mesure, boit aussi du poison. In extremis, il apprend la vérité, tue l'horrible homme de main, et les deux amants meurent dans les bras l'un de l'autre. Rideau. Plutôt mélo, l'intrigue de "Luisa Miller", l'opéra de Verdi présenté par l'Opéra de Lyon à l'Auditorium de Lyon pour cause de travaux au Grand-Théâtre. Et pas très original. Il est vrai qu'en matière de livret d'opéra, le pire l'emporte souvent sur le meilleur. Avec Salvatore Cammarano, également auteur de l'ébouriffant scénario du "Trouvère", du même Verdi, le compositeur n'avait vraiment pas trouvé son Da Ponte. A l'origine, il y a pourtant la tragédie écrite en 1784 par Schiller : "Kabale und liebe", c'est-à-dire Intrigue et passion. La bravade juvénile d'un dramaturge de 25 ans, qui jette à la tête du public l'amour de ces deux jeunes gens, broyés par les conventions hypocrites de la bonne société. Mais en décembre 1849, quand l'opéra de Verdi et Cammarano est créé à Naples, après pas mal d'ennuis avec la censure royale, Schiller et sa soif d'idéal sont bien loin. Cammarano simplifie l'intrigue, Verdi se débat avec la distribution imposée, qui n'est pas sans reproches. Mais la partition s'avère une charnière importante dans l'oeuvre du compositeur. Jusqu'ici, ce dernier à surtout donné dans les grandes machines scénico-musicales, comme le babylono-péplum Nabucco ou l'historico-extravagante "Jeanne d'Arc", où, soit dit en passant, la Pucelle est amoureuse du dauphin. Avec "Luisa Miller", Verdi change de style. Le sujet épique cède la place au drame bourgeois, l'orchestre s'allège, devient plus intime, par contre, les personnages gagnent en épaisseur et en psychologie. Le duo entre le père et la fille, chassés de leur demeure, atteint une rare intensité émotionnelle. Pour le final, Verdi abandonne la règle quasi obligée du grand air à fioritures destinée à l'héroïne, laquelle doit s'égosiller en vocalises avant de tomber raide morte. Ici, au contraire, tout se passe en demi-teintes. On l'aura compris : nous sommes à la fois en présence d'une partition à part, d'une musique superbe et d'une oeuvre rarement jouée, peut-être même jamais donnée à Lyon. D'où l'intérêt de ce spectacle, coproduction avec l'Opéra de Montpellier, où il fut donné [en 1987]. Autre intérêt : le retour à Lyon d'un vieux routier de l'opéra italien, le maestro Maurizio Arena, qui dirigea chez nous [à Lyon], avec éclat, des oeuvres comme "La Traviata", mise en scène par Bejart, où "La forza del destino", montée par Benhaim. Il dirigera pour la première fois l'orchestre de l'Opéra... Et l'on dit déjà que le courant passe entre le chef et nos musiciens. Mais pour les amateurs de voix, le principal intérêt du spectacle risque fort d'être la découverte de l'un des plus grands sopranos de notre époque : l'Américaine June Anderson. Elle a fait crouler le Palais Garnier sous les applaudissements avec "Robert le diable", puis la Salle Favart avec "La Fille du régiment". Le rôle de Luisa devrait particulièrement convenir à sa tessiture. Le reste de la distribution ne devrait pas lui être inférieur. Avec Paul Plishka dans le rôle du vilain père, le comte Walter. Plishka, un habitué du Metropolitan Opera, des Chorégies d'Orange... Et du disque. Avec Taro Ichihara, ce jeune ténor japonais que le monde s'arrache et qui fit ses débuts à Lyon, d'éblouissante manière, dans "Le Bal masqué", du même Verdi. Eduard Tumagian (Miller, le bon père), Susanna Amselmi (Fédérica), Romuald Tesarowicz, Brigitte Desnoues et Consuelo Caroli complètent la distribution. Dans le cadre toujours risqué de l'auditorium Maurice-Ravel, la mise en scène de ce spectacle est assurée par un homme de théâtre, Jacques Lassalle, dans des costumes de Maurzio Balo. Un spectacle alléchant, donc, dont les quatre seules représentations risquent fort d'afficher complet. Consolation pour les retardataires : les deux premières soirées seront enregistrées par FR3, en liaison avec la Sept et Radio France, ce qui laisse prévoir une prochaine diffusion, à la fois TV et sur France-Musique. En attendant ils peuvent toujours regarder un précédant spectacle de l'Opéra de Lyon diffusé [le 4 mai 1988] à 20h30, à la fois sur FR3 et sur France-Musique : Pelléas et Mélisande de Debussy. Source : "Verdi Melo" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 3 mai 1988, p.37.
note bibliographique"Rencontre avec June Anderson" in Lyon Matin, 8 mai 1988. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Verdi (consulté le 11-11-2023). - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lassalle (consulté le 11-11-2023). - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/June_Anderson (consulté le 11-11-2023). - Wikipédia (EN). [En ligne] : https://en.wikipedia.org/wiki/Taro_Ichihara (consulté le 11-11-2023).

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